Edouard Brézin, Physicien
PLUSIEURS éléments structurels connus contribuent aux difficultés de notre enseignement scientifique. La grande majorité des professeurs des écoles sont issus de filières où il n'y a aucun enseignement des sciences de la nature.
Le collège a plus de difficultés que le primaire à rénover ses enseignements de sciences : dans beaucoup de pays, il n'existe à cet âge qu'un enseignement unique de sciences qui permet de mettre en place observation et interrogation sans se limiter a priori à un cadre disciplinaire préétabli.
En France, celui-ci est partagé entre physique-chimie, sciences de la vie et de la Terre, technologie, dans une logique disciplinaire sans nécessité à cet âge, et il est difficile d'installer un enseignement qui fasse place à l'observation. Il vaut mieux ne pas traiter un sujet de science chez les jeunes enfants que d'imposer une " vérité " sans faire précéder son énoncé d'un véritable questionnement permettant in fine d'en comprendre les raisons.
J'aimerais également que les enseignants de collège disposent de l'aide nécessaire pour faire des expériences, des leçons de choses sur le terrain. Je crains enfin un abus de l'usage des ordinateurs qui donnent instantanément une réponse conduisant à affranchir l'enfant d'une véritable démarche d'investigation. J'ai visité dans un pays étranger un internat en sciences pour adolescents de très bon niveau où Internet n'était autorisé qu'au plus une heure par jour.
Prolonger la réussite de La main à la pâte dans l'enseignement primaire au collège et au lycée me semble la seule issue.
Propos recueillis par P. L. H. (LeMonde.fr - 5 décembre 2007)